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Propriete de l'etat


L'histoire du téléphone portable

La création du téléphone "mobile".

Contrairement au téléphone filaire, son aîné, on ne peut pas conférer au téléphone mobile le statut d'invention. En effet, même si la parternité est généralement attribuée à Motorola, il s'agit plus de l'association de plusieurs techniques que d'une réelle invention.
Depuis longtemps, les communications vocales par ondes radioélectriques étaient possibles grace aux découvertes de Maxwell, aux techniques de Marconi, et à l'invention du tube électronique par Lee de Forest. Cependant, l'une des différences majeures par rapport au téléphone était le mode de fonctionnement : chaque interlocuteur devait attendre son tour pour parler (fonctionnement type talkie walkie). Ce mode, appelé alternat, rendait les communications austères. Il fallut attendre l'arrivée d'un composant spécial, un filtre dit duplexeur pour rendre possible l'émission et la réception simultanée dans une bande de fréquence identique. Dès lors, il était possible de concevoir des équipements "transportables", libérant ainsi le téléphone de son fil historique.
Cependant, deux problèmes restèrent insolubles jusqu'à assez récement. L'énergie nécessaire pour émettre était importante, et donc rendait illusoire l'utilisation sur piles. De plus, l'antenne devait mesurer plus d'un mètre. Difficile d'imaginer loger une batterie de véhicule et l'antenne dans une mallette...
Ces raisons ont contraint le téléphone mobile à trouver refuge dans les véhicules, seuls capables d'héberger le système radio, de fournir l'énergie et la base de l'imposante antenne "fouet". Le téléphone de voiture était né...



Le téléphone de voiture en France.

Le premier réseau commercial en France voit le jour en 1956. Il s'agit d'un réseau manuel, nécessitant l'intervention d'une opératrice. Le téléphone est très dépouillé : un combiné de type U43 repose sur une base, laquelle comprend un interrupteur de mise en service, et deux voyants, un vert, et un rouge. Le réseau fonctionne dans la bande des 150 Mhz sur une fréquence unique. Lorsqu'un abonné "prend la ligne", tous les autres postes voient leur voyant rouge s'allumer : passer un appel leur est alors impossible. L'abonné ayant pris la ligne demande le N° de son correspondant à l'opératrice, laquelle s'occupe d'appeler le destinataire, et de mettre en relation les deux interlocuteurs. A la fin de l'appel, le raccoché libère le canal radio, et tous les abonnés au service voient le voyant vert s'allumer : il est alors possible de passer un appel.
Le prix, la complexité, la limite de portée réservent ce service à un très petit nombre : lorsque le service manuel est arrêté en 1973, il compte 500 abonnés...



Thomson CSF, 1973.


L'évolution des réseaux : de la "correspondance publique" au GSM

Pour remplacer le premier réseau manuel, un second système est développé. Il utilise la même bande de fréquence, mais les capacités augmentent : il est désormais possible à plusieurs utilisateurs de converser en même temps, grâce à l'adoption d'un système de gestion de plusieurs canaux simultanés. De même, le réseau devient automatique.
Les appareils utilisés sont dérivés d'une radio de type professionnelle, le copilote de Thomson CSF. Même si les platines radio sont identique, on leur associe une carte de gestion à microprocesseur 4 bits, ainsi qu'une série de quartz (2 par fréquence), permettant de changer le canal de transmission. Le combiné est identique au S63 filaire.
Dans les années 80, la France accuse un retard important dans les technologies de téléphonie mobile. Le seul réseau en place ne permet qu'un nombre limité d'utilisateur, il est uniquement disponible dans les grandes agglomérations, et ne permet en aucun cas une intégration dans un volume portable. Pour ces raisons, le ministère des télécommunication décide de lancer le programme Radiocom 2000.
Le réseau "Correspondance Publique" fonctionnera jusqu'à la fin des années 80, c'est à dire jusqu'au déploiement complet du Radiocom 2000. Les abonnés reçoivent alors une proposition personalisée de changement de système.


Le Radiocom 2000
Lancé en 1986, il s'agit d'un réseau fonctionnant dans la bande des 400 Mhz, utilisant la technologie numérique pour la signalisation (gestion des appels, des connexions). La modulation est cependant standard (analogique pour la voix). Les fréquences sont attribuées dynamiquement en fonction des besoins. Contrairement au réseau précédent, le Radiocom utilise un synthétiseur de fréquence, supprimant ainsi les nombreux quartz tout en augmentant le nombre de canaux utilisables. L'autre grande nouveauté est la notion de téléphone cellulaire : les fréquences sont attribuées au sein d'une "cellule", c'est à dire une zone géographique délimitée par la portée de l'émission radio. Lorsqu'un mobile sort de la zone de couverture radio, il peut "s'incrire" sur la zone de couverture adjacente. Alors que lors de son lancement la communication était perdue lorsque le mobile sortait de la cellule d'inscription précédent l'appel, l'ajout de la fonction de "hand over" permet de continuer la communication en changeant de zone de couverture. Cette dernière évolution technique a coûté le rapatriement de tous les mobiles pour mettre à jour le logiciel de gestion du mobile.

Radiocom 2000, 1987.


Enfin, ce réseau a pour vocation de couvrir la totalité du territoire français, y compris les zones à faible population.
Toutes ces évolutions techniques permettent de créer assez rapidement le premier téléphone portable, c'est à dire libéré de la voiture : le Poctel. Dès ses début, ce téléphone est un objet de luxe. D'abord par le coût de l'abonnement, mais aussi pour son prix d'acquisition (25 000 Fr en 1991). L'énergie est assurée par une batterie rechargeable de type Nickel Cadmium, et l'antenne est raccoucie au minimum possible. L'objet remporte un grand succès en regard de son prix.


Le réseau NMT-F
En 1989, l'état français décide de déréguler le marché des télécommunications mobiles. Un appel d'offre est lancé pour compléter le Radiocom. La société SFR répond à cet appel d'offre avec un réseau basé sur le standard NMT (Nordic Mobile Telephone). Il sera adapté au marché français, d'où son nom, le NMT-F. Le fonctionnement est très similaire au Radiocom 2000 (modulation analogique pour la voix, et signalisation numérique, bande de fréquence en 400 Mhz).
Les terminaux mobiles sont très proches des versions Radiocom. Extérieurement, la seule différence visible sera la couleur adoptée pour chaque terminal...

Bi Bop, 1995.


De l'analogique au numérique : le GSM.

En 1982, un consortium d'opérateurs européens décide de lancer les études d'un système de télécommunication mobile universel. Le Groupe Spécial Mobile, ou GSM, voit officiellement le jour en 1987, date à laquelle ses spécifications sont adoptées. Le cachier des charges précise que ce système devra être compatible quel que soit le pays, les terminaux étant reconnus à l'aide d'une carte d'identification (la carte SIM pour Subscriber Identification Module). Le mode de transmission adopté est très novateur : entierement numérique pour la voix et la signalisation, mode TDMA (Time Division Multiple Access), compression des données vocales, large utilisation d'algorithmes de traitement du son, capacité à transmettre des données numérique, fax, ou messages courts de 160 carractères (SMS, Short Message Service)...
Toutes ces évolutions font de ce système un veritable défi lancé au centres de recherche. Comment intégrer toutes ces technologies dans un volume aussi réduit qu'un paquet de cigarettes ?
Finalement, les technologies de l'électronique évoluant suffisament, les industriels utilisent des composants de toute dernière génération (microprocesseurs 16 ou 32 bits, DSP, ...). Ces postes n'ont plus aucun règlage par potentiomètre, aidant ainsi à la fiabilité de l'ensemble. La bande de fréquence à 900 Mhz est également nouvelle dans le monde civil. Les premiers terminaux sont encore des version "téléphone de voiture", en forme de petite malette. Ils seront très rapidement remplacés par des versions portables.
Le sevice commercial GSM démarre en 1991 dans les grandes agglomérations françaises.


Une tentative avortée : le Bi Bop
Alors que le réseau GSM poursuit sa croissance, lentement mais sûrement, un réseau alternatif est proposé en 1993, le Pointel. Ce réseau, contrairement au GSM, n'est pas à proprement parler un téléphone mobile. Il ne permet pas de recevoir d'appel, seulement d'en émettre lorque l'usager se trouve à proximité immédiate d'une borne. Il est à ce titre qualifié de "cabine téléphone de poche".
Le succès de ce réseau n'aura pas lieu. Le développement rapide du GSM, la réduction de taille des téléphones devenant réellement portables anihilent tout espoir et avantage du Pointel. France Télécom tentera un ultime rattrapage en lui associant la compatibilité avec les téléphones portables domestiques (avec une base chez un particulier). Le réseau fût abandonné en 1997, n'ayant convaincu qu'une centaine de millier d'usager.

Poctel 1989, et GSM 2001.



Le GSM : un développement continu
L'un des développement les plus remarquable du GSM est son usage international. Le réseau en lui-même n'est pas visible par l'usager (antennes relais mises à part). Il permet cependant de communiquer avec le même téléphone quel que soit le pays, pouvu que ce dernier aie adopté le standard. Victime de son succès, le GSM se voit rapidement attribuer d'autres bandes de fréquences. On retiendra la bande des 1800 Mhz pour le DCS, et 800/1900 pour la version américaine.
Ces évolution imposent aux fabricants des modèles "multibandes" pour assurer la compatibilité avec l'ensemble des réseaux.

Copyright V. Lomba, Mai 2005

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